Un espace pour danser
Le Terrain vague a fermé ses portes le 21 Juin 2019.Après 19 ans de vie pour le premier Terrain vague, rue Pierre Blancon de 1980 à 1999 puis encore 19 ans pour celui de la rue de la République de 2000 à 2019.Beaucoup de belles aventures créatrices sont incrustées dans le plancher, terrain qui nous a porté et apporté beaucoup de joies.
Les heures que je passe le nez dans les archives à guetter ce que j’ai envie de garder m’amène à saisir un peu différemment mon travail, et je m’en régale.Aucun regret !Je perçois la liberté de mon parcours et je savoure. J’en ai vraiment fait qu’à ma tête.Comme j’ai bien fait de ne réaliser que ce que je désirais.Et si parfois j’ai coloré mes actes, décisions, créations, de paroles ou de pensées, de jugements qui n’étaient pas les miens et me faisaient trébucher ou empoisonnaient mes actes, je vois bien aujourd’hui que ces doutes, regrets ou sensations de manque ne tenaient pas la route.Et de toute façon ma route, je la continuais avec des contradictions et sans certitude.
C’est bon de réaliser que j’étais beaucoup plus libre que ce que j’imaginais !Même s’il aura fallu un certain temps, je le vois aujourd’hui, tranquillement avec un regard neuf et pénétrant.
J’ai suivi passionnément toutes les personnes qui m’ont aidé à pénétrer les secrets de la danse, sans penser devenir danseuse mais en l’étant.Les hasards et les rencontres m’ont donné la possibilité de vivre de la danse, avec la danse, dans la danse, à ma manière, en dehors des routes tracées.
Deux Terrains Vague, la création d’une formation professionnelle, d’une Compagnie, de nombreux spectacles, une Compagnie de jeunes, beaucoup de projets merveilleux en milieu scolaire, un nombre incalculable d’ateliers, de cours, de portes ouvertes pour tous, à tout âge, des projets atypiques mêlant artistes et patients en hôpital de jour, un processus de création pour que les femmes enceintes dansent avec leur bébé dans le ventre. …
J’ai agi à ma mesure, sans vouloir plus, sans la tentation de devenir entreprise culturelle, juste en gardant cette liberté nécessaire à la construction d’une ligne de vie, la mienne ; avec le désir de partager quelques outils artistiques puissants avec ceux qui le souhaitent ; avec le désir que fonctionnent ensemble corps et esprit et que nos lignes de vie se tracent en s’enrichissant.
Alors merci, à tout ceux qui ont partagé la vie du Terrain Vague.Merci aux 2 lieux et à tous ses habitants.A ce plancher que j’ai souvent nommé « la prunelle de mes yeux ».Oui, j’en ai bien profité et j’espère que vous aussi !
Dans la construction de cette ligne de vie un désir inattendu m’est venu il y a quelque temps : Apprendre la Méthode Feldenkrais ; une formation de 4 ans, un grand voyage, le tour d’un monde !Et je suis devenue Praticienne Feldenkrais, une aventure qui me relie à moi -même et au monde puissamment.Alors, toujours allant vers (avec son double sens) les séances collectives Méthode Feldenkrais que je propose auront lieu à partir de septembre 2019 au centre de danse Offjazz, 16 rue Cassini et les séances individuelles 6 rue Fodéré chez moi.Un atelier de danse contemporaine aura lieu un samedi par mois à l’Entre-Pont, 89 route de Turin / Le 109 (Pôle de cultures contemporaines).Bien à vous,Béatrice Mazalto
En 1988, un journaliste qualifie Le Terrain Vague "d'espace unique de liberté et de créativité dans la grande ville, … pour tous ceux qui cherchent désespérément un lieu préservé où la meilleure place est faite aux expériences de recherche et de création …
Le Terrain Vague est un centre de danse contemporaine créé par Béatrice Mazalto en 1980. "Son désir est de mêler intimement la danse à la vie, que la danse soit enseignée ou créée, dans l'école, sur une scène, dans une clairière, ou sur une place de village, pour enfants ou pour adultes, elle est langage et communication, prétexte au jeu, à l'émotion, à l'invention." (Daniel Cassini, dans Viva en 1988).
Des cours réguliers, des ateliers, des stages sont proposés, créant des liens entre la danse, les arts plastiques et la vidéo (Evelyne Sauvage), la danse et le dessin (Edmond Baudoin).
Des chorégraphes invités comme Christine Gérard, Didier Silhol, Marc Thomkins, Suzanne Cotto, viennent enseigner.
Des travaux chorégraphiques en cours, des performances d'artistes, des improvisations publiques, des portes ouvertes, sont proposées.
Le Terrain Vague est aussi une base à partir de laquelle des expériences originales se diffusent dans la vie quotidienne : des stages pour enfants organisés en pleine nature, sur les bords d'une rivière, dans un village, dans un jardin public, dans une demeure, au pied d'une montagne ; des séjours "Pour un corps en mouvement" dans une station thermale du moyen-pays niçois, proposent un cycle de danse contemporaine "tous publics" et des bains bouillonnants !
De 1981 à 1984, Le Terrain Vague s'oriente vers la formation du danseurs avec la collaboration d'Irène Soler, Suzanne Cotto et Béatrice Mazalto.
La Compagnie du Terrain Vague est créée en 1984 avec les danseurs formés sur place. 21 pièces seront créées entre 1984 et 2004.
Les aventures se poursuivront, notamment dans le cadre de "La Danse à l'Ecole" : Classes d'Initiation Artistique, Ateliers de Pratiques Artistiques en lien avec des artistes plasticiens, stages de formation pour enseignants. "Le Terrain Vague c'est plein de choses comme ça, d'initiatives soigneusement pensées, parfaitement maîtrisées et qui, toujours, accordent la plus grande part à la poésie, au rêve, au délire productif." (Daniel Cassini, dans Viva, 1988).
L'activité artistique de la Compagnie n'a de cesse de faire se rencontrer professionnels et amateurs, réunissant leurs richesses et leurs compétences. Un projet est mené en 1992, en collaboration, avec un théâtre de la ville, le "Théâtre Lino Ventura", auprès de jeunes issus des banlieues niçoises, concrétisé par la formation d'une troupe de jeunes amateurs "La Compagnie Quartier Libre". Huit pièces seront réalisées entre 1992 et 1999.
Le Terrain Vague propose en 1994 et 1995 de mettre en valeur cette collaboration avec le Théâtre Lino Ventura, par la diffusion de spectacles et la rencontre avec des compagnies professionnelles invitées, en créant le Festival Haute Danse Cité, ateliers, spectacles, rencontres.
En 2000, Béatrice Mazalto, en tant que chorégraphe de la Compagnie du Terrain Vague, est chargée de cours à l'université de Nice-Sophia-Antipolis, au sein du département Arts, Section danse. Dès 2002, et jusqu'à 2010, le Terrain Vague propose les Journées Mouvements : représentations, rencontres, échanges d'artistes et étudiants en arts du spectacle, ponctués d'espaces de libre improvisation et de temps de réflexion analytique et critique, en collaboration avec les associations d'étudiants en Arts.
En 2004, la Mairie de Nice sollicite le Terrain Vague pour un projet artistique associant des patients fréquentant l'hôpital psychiatrique de Nice. Le Terrain Vague crée en Ce soir on danse, une aventure chorégraphique et humaine, mêlant dans le travail et sur scène, cinq patients, et cinq artistes, danseurs et musiciens.
En 2007, le projet Sillages naît des échanges entre Béatrice Mazalto, Céline Brémond et Sylvie Puiroux, danseuses et pédagogues. Leur rencontre et leur formation les amènent à partager un territoire en danse, qui se développe entre les deux grandes lignées de la danse contemporaine, allemande et américaine.